Elections en Grèce : le jour d’après avec Iro BARDIS

Iro au Marché Ruffins
Crédit photo : Pierre MONTIER, 24 janvier 2015.

 

Le blog de la section : Bonjour Iro. Tu es une camarade bien connue dans la section, mais tout le monde ne sait pas que tu es Grecque. Tu as donc pu suivre cette élection dans ta langue maternelle. Peux-tu nous donner tes premières impressions ?

Iro BARDIS : Effectivement, je suis Grecque, pas « d’origine » mais complètement, en même temps je suis Française d’adoption, depuis fort longtemps et tout autant, pleinement !

Tout d’abord, merci au peuple grec de nous montrer le chemin d’une nouvelle Europe qui s’appuie et avance avec et pour les citoyens qui la composent. Impressionnantes, hier sur les écrans, la dignité et la responsabilité des personnes rassemblées pour célébrer cette victoire ; il ne s’agissait pas de rassemblements de liesse mais de responsabilité, de conscience des objectifs à atteindre.

Le blog de la section : Le Front National comptait sur cette élection pour faire imploser l’union monétaire européenne et donc l’Union. En fait, le parti SYRIZA ne souhaite pas du tout sortir de la zone euro. C’est plutôt rassurant pour nous, peuple français, mais aussi pour le peuple allemand et les autres peuples de l’Union. Qu’en penses-tu ?

Iro BARDIS : Les Grecs sont profondément européens, un peu éloignés spatialement, relativement peu connus par les européens du nord (trop au sud, liés à la mer et vers l’est) mais toujours intimement reliés à l’Europe par notre culture commune de la Démocratie qui a donné les Lumières et qui constitue les fondements de l’esprit européen. SYRIZA ne souhaite pas du tout sortir de l’Europe (voir le programme de SYRIZA, à ce propos) mais, fort de cette victoire, souhaite redonner sa dignité au peuple grec, dans et avec l’Europe. Cela faisant, une voie s’ouvrira pour les autres pays et peuples européens, une voie non seulement rassurante mais enthousiasmante et prometteuse d’une Europe juste et démocratique.

On parle d’une participation « moyenne » de 63% de votants mais cela n’a rien à voir avec les configurations que nous connaissons dans nos pays nord-européens : les grecs immigrés et expatriés (et il y en a beaucoup !) ne peuvent pas voter dans le pays où ils vivent. Ils doivent aller en Grèce pour voter. De plus, une bonne moitié de la population qui vit dans la région d’Athènes, a quitté sa région d’origine et a donc des difficultés de déplacement vers cette dernière pour aller voter. Ces difficultés ont été aggravées par à la crise ! Le soutien massif du peuple grec à SYRIZA est donc à même d’apporter le poids nécessaire pour toutes les négociations à venir.

Le blog de la section : L’euphorie du « jour d’après » passée, comment vois-tu la suite pour ton pays ?

Iro BARDIS : Le chantier qui s’ouvre est énorme et le chemin difficile. Mais la dignité que le peuple grec revendique sera à même de donner l’élan et la constance nécessaires pour mettre en œuvre les réformes économiques et démocratiques indispensables dans l’Europe que nous souhaitons tous : fraternelle, éclairée, respectueuse de tous et toutes. Le peuple grec, j’en suis persuadée, sera derrière ses gouvernants, actif et mobilisé pour réussir ce défi. Il a trop souffert ces dernières années mais aussi avant, depuis son indépendance au milieu du 19e siècle, indépendance toujours vécue sous tutelle. Le moment est venu, peut-être, pour démentir Platon (pour une fois), après la démocratie ça ne sera pas la tyrannie qui viendra car les citoyens, sans cesse, veilleront à cultiver et à développer la démocratie et la justice sociale.

Iro BARDIS : O agonas mas ya tin dimocratia synehizi ! (traduction : Notre combat pour la démocratie continue !).

Le blog de la section : Merci Iro et bonne journée à toi.