Conseil municipal du 27/09/17 – Intervention de Bruno Marielle sur la gestion publique de l’eau

« Merci monsieur le maire, chers collègues et chers montreuillois,

J’interviens au nom du groupe socialiste et citoyen.

Nous remercions le collectif montreuillois pour sa mobilisation pour la gestion publique de l’eau, bien commun si précieux dans nos vies quotidiennes et si fragiles dans les contextes climatiques que nous connaissons.

Nous partageons beaucoup des critiques qui sont faites par les intervenants précédents contre la gestion de l’eau potable par Veolia sur nos territoires.

Nous voulons cependant rappeler plusieurs éléments qui n’ont pas été présentés jusqu’à présent :

1/ Est Ensemble a déjà étudié les alternatives possibles à la délégation de service public à Veolia, en l’occurrence l’achat de l’eau potable à Eau de Paris en totalité sur le territoire ou partiellement, pour tenir compte du fait que certaines villes peuvent avoir plus de facilités que d’autres à se relier à Eau de Paris.

Le vœu qui nous est présenté ne dit pas que dans ce cas les coûts d’investissement à payer par nos collectivités à Est Ensemble, et donc à la fin par les usagers ou par les contribuables, seraient exorbitants.

En effet, il faudrait alors inverser tout ou partie du réseau de canalisation qui aujourd’hui va de tubes de sections d’un mètre depuis la station de Nogent sur Marne vers les villes d’Est Ensemble à l’ouest avec des sections de plus en plus petites, jusqu’à nos robinets.

Cette inversion du réseau de canalisation prendrait plusieurs années pendant lesquelles nos rues et nos trottoirs seraient défoncés, avec un coût d’investissement qui a été chiffré en 2013, à la demande d’Est ensemble, entre 50 et 136 millions d’euro en cas d’alimentation complète par Eau de Paris.

Est Ensemble comme chacune de nos communes serait dans l’incapacité financière de réaliser de tels investissements, sinon en empruntant et en répercutant les surcoûts sur le prix de l’eau.

2/ Il faut également savoir qu’Eau de Paris, qui s’est abstenu de venir participer au débat organisé par Est Ensemble sur la question, et qui ne s’est engagé sur rien, ni sur les faisabilités ni sur les prix, ne pourra en aucun cas fournir en eau potable toutes les villes adhérentes au syndicat des eaux d’IDF (SEDIF), pas même toutes les villes d’Est Ensemble et de Plaine Commune.

Il faut également savoir que les villes d’Est Ensemble ne disposent d’aucune source d’approvisionnement sur son territoire : dans tous les cas de figure, il faudra acheter l’eau à d’autres.

Oui l’eau est un bien commun, mais à partager entre tous les habitants de toute la région parisienne. En fait, toutes les villes du bassin parisien devraient être solidaires, car les sources d’eau concernent tout le bassin versant de l’Oise, de la Marne, de la Seine, avec en sus les sources naturelles de Paris. Face aux pénuries d’eau qui menacent à terme l’Ile-de-France, notamment en cas de crues massives risquant de neutraliser les réseaux d’eau potable de millions de franciliens, seule une gestion collective publique de l’ensemble du bassin parisien serait à la hauteur des enjeux.

L’interconnexion des quatre grands réseaux existants est d’ailleurs la priorité actuelle des services de sécurité de l’Etat.

La conséquence d’une non –réadhésion au SEDIF, serait la mise en concurrence des territoires et des villes pour savoir qui sera retenu par Eau de Paris pour bénéficier de l’eau publique.

La bataille pour la gestion publique de l’eau doit être menée non par le repli de chaque ville, mais à la bonne échelle, au moins à l’échelle du SEDIF.

C’est parce que la majorité de droite au SEDIF protège les superprofits de Veolia, que le SEDIF n’engage pas à son échelle les nécessaires études pour se dégager de l’emprise de Veolia et revoir complètement la DSP (délégation de service public) qui lui est faite. C’est cela qu’il faut changer.

Pour notre part, nous sommes favorables à un changement de la gouvernance du SEDIF qui devrait tenir compte de la population de chaque ville (aujourd’hui Montreuil a une voix au SEDIF, comme Vaujours ou le Raincy) et devrait associer les usagers et leurs associations ; nous voulons que le SEDIF s’engage à mener les études, comme Est Ensemble l’a fait pour son territoire, afin de voir les conditions d’une réelle gestion publique de l’eau en Ile-de-France

Voilà pourquoi, malgré les intentions des auteurs que nous partageons, nous nous abstiendrons sur ce vœu. »