« La seule réponse de l’état à notre appel au secours c’est la signature d’un contrat financier, une contractualisation. » Intervention de Michelle Bonneau au Conseil municipal du 27 juin 2018

Après l’appel de Grigny nous espérions tous que le rapport remis par Jean Louis Borloo au premier ministre serait un point de départ, rapport qui dresse un constat amer sur les inégalités, puisque 1500 quartiers et 5 millions et demie d’habitants sont concernés par des taux de chômage, de pauvreté et d’échec scolaire supérieurs à la moyenne.

Depuis 1 an, la situation dans les quartiers s’est détériorée sous l’effet des coups de rabot de la politique du gouvernement qui n’a cessé, mesure après mesure, de fragiliser la cohésion du territoire en assumant dès le début du quinquennat l’absence de politique pour les quartiers prioritaires.

Le rapport Borloo prend la mesure de la situation et réaffirme la volonté de lier l’humain et l’urbain, préconise des politiques transversales et décline une série de programmes pour améliorer la vie des habitants à travers la petite enfance, l’éducation, l’apprentissage, l’engagement des femmes, les transports…

Et le 22 Mai, le président de la République, un mois après la remise du rapport « vivre ensemble, vivre en grand » en a étonné plus d’un en balayant d’un revers de mains les vieilles méthodes et « en même temps » ne faisant que des propositions qui laisse pantois. 1300 policiers dans 60 quartiers d’ici à 2020, accélérer les rénovations urbaines en passant de 3 ans à 6 mois, des stages et du tutorat pour les jeunes …. Plus un catalogue de propositions. Il s’agit de donner des gages à la droite, crispée contre les plans banlieue qu’elle considère inutiles et coûteux. Et le rapport fut enterré pourtant ambitieux, volontariste, pointant la faiblesse de moyens attribués aux banlieues les plus pauvres, mettant un coup de projecteur salutaire sur le désespoir des quartiers à la dérive, cet angle mort des politiques publiques.

Et dans la foulée, un rapport présenté par les députés François Cornut-Gentille et Rodrigue Kokouendo dénoncent un Etat inégalitaire et inadapté et qui recule en Seine-Saint-Denis, s’alarmant d’une république en échec dans ce département. Les parlementaires ont évalué l’action de l’état dans le 9-3, qui présente notamment les taux de pauvreté et de criminalité les plus élevés de France, à travers trois de ses missions fondamentales : l’éducation, la justice et la police.

On peut lire dans ce rapport que L’établissement scolaire « le moins bien doté de Paris reste mieux doté que le plus doté en Seine-Saint-Denis »

En Seine-Saint-Denis, policiers, professeurs ou magistrats sont moins nombreux, mais aussi moins expérimentés et quittent leur poste plus rapidement qu’ailleurs dans le pays « Là ou les problèmes sont les plus durs, c’est là qu’arrivent les débutants »

Au-delà de ce constat inégalitaire, connu depuis des décennies, ce rapport s’alarme d’une méconnaissance démographique et sociale du 9-3.

A la lecture de ce rapport, 15 parlementaires de Seine-Saint-Denis, au-delà de tendances politiques différentes, ont demandé un rendez-vous rapide au premier ministre afin que l’égalité républicaine soit respectée dans ce département. Le Groupe socialiste et citoyen accompagne cette demande. Car les moyens investis par la puissance publique en Seine Saint Denis apparaissent très insuffisants : il manque des enseignants, des magistrats, des policiers alors que les besoins sont colossaux, que le département le plus pauvre de la petite couronne n’en peut plus d’attendre et d’attendre encore la République égalitaire.

Alors, nous n’espérons pas d’autres visites ministérielles sur notre territoire, pas plus à Montreuil particulièrement prisée par les politiques et les ministres que sur le département, pas moins de 2700 visites officielles en un peu plus d’une décennie et Emmanuel Macron qui avait choisi d’annoncer sa candidature à l’élection présidentielle en Seine-Saint-Denis. Ça suffit !

Nous attendons des projets pas des promeneurs ! Il est urgent de passer des promesses aux actes !

La seule réponse de l’état à notre appel au secours c’est la signature d’un contrat financier, une contractualisation. Montreuil, comme les plus importantes collectivités du pays, ont été invitées à s’engager à ne pas augmenter les dépenses de fonctionnement. Signer ce contrat reviendrait donc purement et simplement à accepter que l’état exerce un contrôle sur nos finances locales ce qui porterait atteinte à l’esprit de décentralisation de 1982 et au principe de libre administration des communes.

Et que dire de parcoursup ! Le département de Seine-Saint Denis a lancé une vaste campagne pour recueillir des témoignages d’élèves qui s’inquiètent de la méthode de sélection des universités. Pourquoi ce sentiment que Parcoursup assigne les élèves des quartiers populaires a un rôle de remplaçant. Une interrogation perdure « les lycées d’origine des candidats sont-ils un critère discriminant pour choisir les étudiants dans telle ou telle filière, dans telle ou telle université ? A Montreuil, où nous savons que prudence est mère de sureté nous n’attendons pas et mettons en place dès cet été un plan SOS rentrée pour accueillir les jeunes. Je remercie l’adjoint à la jeunesse et les services pour cette initiative.