Intervention de Bruno MARIELLE, Conseil Municipal du 7 novembre 2018
Le PADD d’Est Ensemble est la première étape d’un processus inédit : pour la première fois Est Ensemble et les neuf villes qui le constituent, travaillent ensemble pour définir un PLU intercommunal, qui à la fin 2019 viendra se substituer aux PLU existants dans chaque ville et sera donc opposable aux propriétaires, aux aménageurs, aux promoteurs, à toutes les entreprises d’un territoire de plus de 412 000 habitants.
Tout le monde n’était pas favorable au transfert de cette compétence essentielle pour les communes vers les Etablissements Publics Territoriaux, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais la loi l’impose.
C’est donc un défi qu’Est Ensemble et les neuf villes relèvent ensemble :
- Harmoniser sans uniformiser ;
- Définir un document commun, en respectant la démocratie locale, les choix de chaque commune, dont la diversité des tailles, des contextes et des sensibilités politiques est connue,
- Et en favorisant l’implication du maximum d’habitants, de travailleurs et d’entrepreneurs possibles ;
- Ne pas refaire ce qui a été fait (et bien fait) par les villes, et à montreuil s’appuyer sur le PLU révisé que nous avons adopté.
C’est la feuille de route que le président d’Est Ensemble Gérard Cosme et le VP en charge, notre collègue Jean-Charles Nègre, ont proposée et qui a été acceptée par tous les maires. Il faut dire que sur ce terrain, Montreuil a plusieurs atouts et des longueurs d’avance :
- Notre PLU révisé est sinon un modèle, du moins une référence majeure pour le futur PLUi, comme en témoigne le document qui nous est soumis.
Merci aux services des villes et d’Est Ensemble qui se sont particulièrement investis dans ce travail important, dans un esprit de coopération exemplaire.
Il faut aussi souligner que cette élaboration du premier PLUI se fait dans un contexte métropolitain très défavorable aux villes et territoires de l’est parisien : la majorité actuelle dans la métropole du Grand Paris s’oppose à toute idée de rééquilibrage entre les territoires. Ainsi, les territoires qui comme Est Ensemble doivent faire face aux plus gros besoins sociaux et environnementaux restent dramatiquement sous-dotés par l’Etat, la région et la métropole. Obligation est faite à notre territoire de continuer à densifier nos villes en logements, y compris en logements sociaux ou en hébergements d’urgence, mais avec resserrement des ressources pour construire les équipements publics nécessaires, rénover le parc d’habitat social vieillissant, pour attirer des entreprises et améliorer les dispositifs de formation et d’insertion.
A ce stade, et dans ce contexte défavorable, le groupe socialiste et citoyen émet un avis positif sur ce premier document de Projet d’Aménagement et de Développement Durable intercommunal, qui trace des perspectives et des priorités cohérentes avec celles de notre propre PADD montreuillois, avec cependant plusieurs éléments nouveaux qui méritent d’être soulignés :
- Tout d’abord, la mise en cohérence du futur PLUi autour de trois grands territoires d’entrainement :
- La plaine de l’Ourcq, qui concerne Pantin, Bobigny, Bondy, Noisy-le-sec, Romainville, Les Lilas et le Pré-Saint-Gervais ;
- Les Faubourgs et les portes de Paris, qui concernent Montreuil, Bagnolet, Les Lilas, Le Pré-Saint-Gervais et Pantin ;
- Le Parc des Hauteurs qui concerne Montreuil, Romainville, Noisy, Les Lilas, Le Pré-Saint-Gervais, et Bagnolet, et qui au-delà implique Paris à l’ouest, Rosny et Fontenay à l’Est.
Pour ce qui concernent les hauteurs d’Est Ensemble, c’est la première fois qu’un document officiel intercommunal va tracer des perspectives d’évolution les plus cohérentes possibles en matière de transports, d’habitat, de commerces et autres activités, de cadre de vie en général, d’environnement et de nature en ville, et de règles de constructibilité.
Cela aura des conséquences concrètes :
- Une meilleure maitrise des impacts urbains des prolongements du métro Ligne 11 et du tramway T1 : freiner la spéculation immobilière, penser en amont et de façon intercommunale l’offre commerciale, mais aussi par exemple les questions de stationnement autour des nouvelles stations L11 et T1 ;
- Le PADD pointe la nécessité d’un travail en commun sur les fameuses « bordures » entre deux ou trois villes. Ainsi Montreuil, Romainville et Noisy, auront à définir les évolutions souhaitées dans le triangle que dessine la ligne 11 future, le T1 futur et l’avenue Aristide Briand, triangle qui comprend donc la place Carnot, l’hôpital Intercommunal, mais aussi tout le quartier des Ramenas. Il est bien que le PADD et demain le PLUi traite les fameuses « bordures » entre les villes mitoyennes, afin de mettre un peu de cohérence, sans essayer de faire porter aux voisins les nuisances que l’on génère soi-même. L’amélioration de l’offre de commerces dans le haut Montreuil et l’anticipation des problèmes de stationnement autour des nouvelles gares et stations sont des points à préciser.
- Le Parc des Hauteurs, c’est aussi le choix d’inverser la tendance historique au grignotage des espaces verts, c’est la perspective de relier tous les espaces verts depuis les Buttes-Chaumont jusqu’à nos parcs montreuillois et les MAP par une promenade des hauteurs, constituant une boucle de 32 km, piétonne et de mobilités actives, végétalisée, reliant les sites emblématiques, facilitant les déplacements du quotidien.
Plus généralement, le PADD souligne l’importance qu’il y a aujourd’hui à équilibrer l’urbanisation et la préservation voire l’extension des espaces verts, publics et privés. Nous ne pouvons plus considérer les espaces verts comme une réserve foncière pour bâtir. Le PADD évoque une population de 450 000 à 490 000 habitants à l’horizon 2030 (soit entre + 9 % et 19 % par rapport aux 412 000 habitants actuels). Pour notre part, nous pensons que 450 000 habitants est un horizon plus réaliste si nous voulons, préserver le foncier naturel et offrir les équipements publics que nos moyens financiers nous permettent. Pour Montreuil, + 9%, ce serait un horizon à 115 000 habitants : c’est déjà beaucoup, si l’objectif est bien un cadre de vie agréable pour tous…
Deux remarques pour finir :
- Le PADD n’oppose pas les projets de transports entre eux : nous avons besoin de la ligne 11, du T1, de la ligne 9 et de la ligne 1, comme les habitants de la plaine de l’Ourcq ont besoin du TZEN et de la ligne 15. Le groupe des élus socialistes et citoyens se réjouit évidemment de la relance du projet T1 (tranche 1) et remercie le CD qui a beaucoup œuvré en ce sens, et appelle à continuer d’agir pour la réalisation de la tranche 2 au plus tôt, comme de l’inscription des financements d’études pour le prolongement de la ligne 9.
- Le PADD prend en compte les besoins en matière de santé publique, de climat-air-énergie et de gestion de l’eau. C’est une très bonne chose, qu’il conviendra de concrétiser dans les OAP (orientations d’aménagement et de programmation) et dans les règles d’urbanisme opposables.
